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Les « JO de Paris 2024 Durables » Qui Laissent Un Goût Amer


13 August 2024 | By Lu Zhiyi et Jiao Junpeng / CaoShuai | SISU/Vieira

Les Jeux Olympiques de Paris 2024, remplis des hauts et des bas de la compétition athlétique, sont terminés. Les médailles ont trouvé leurs propriétaires, mais l'impact réel des efforts de durabilité de ces Jeux reste encore débattu. Le Comité d'organisation de Paris a annoncé que les Jeux visaient à réduire de moitié les émissions de carbone par rapport aux Jeux de Londres 2012 (3,3 millions de tonnes) et de Rio 2016 (3,6 millions de tonnes). Cet objectif ambitieux pourrait réduire les émissions totales des Jeux de Paris en dessous de 2 millions de tonnes, une première dans l'histoire des Jeux Olympiques, peut-être même moins que les Jeux de Tokyo, qui se sont déroulés sans spectateurs en raison de la pandémie.

Atteindre une telle réduction drastique des émissions de carbone a nécessité une planification minutieuse à chaque étape. Deux des mesures les plus médiatisées et controversées étaient la réutilisation des lits en carton des Jeux de Tokyo 2020 dans le Village Olympique et la décision de ne pas installer de climatisation dans les dortoirs.

Mais tous les athlètes n’étaient pas prêts à endurer ces mesures « austères » pour le bien de l'environnement.

 

**Les Jeux Olympiques les Plus Ambitieux en Matière de Durabilité**

En 2014, le Comité International Olympique (CIO) a adopté l'Agenda Olympique 2020 au Maroc, visant à renforcer les valeurs olympiques et à relever les défis liés à l'organisation des Jeux. L'un de ses trois piliers est la durabilité.

En tant que premiers Jeux Olympiques à mettre pleinement en œuvre cet agenda, les Jeux de Paris 2024 ont cherché à établir une nouvelle référence mondiale pour les événements sportifs écologiques. Le Comité d'organisation de Paris a même réformé la manière dont les émissions de carbone sont calculées. Contrairement aux Jeux précédents, où les émissions finales étaient compensées après l'événement par des mesures comme la plantation d'arbres, les Jeux de Paris ont adopté une approche différente. Le problème des compensations traditionnelles est qu'elles peuvent retarder ou surestimer l'impact réel, et encourager la complaisance plutôt qu’un réel changement. 

Paris a donc fixé un budget carbone strict avant l'événement pour réduire les émissions à la source, couvrant tout, du Village Olympique aux lieux de compétition, des athlètes aux spectateurs. L'objectif : limiter l'empreinte carbone totale des Jeux à environ 1,58 million de tonnes.

Parmi les sites sportifs utilisés pour les Jeux de Paris, 95 % étaient des bâtiments existants, éliminant ainsi le besoin de nouvelles constructions ; 94 % des matériaux utilisés dans le Village Olympique étaient recyclés ; les lits en carton étaient produits localement en France et seront entièrement recyclés après usage ; et au lieu de la climatisation, les dortoirs utilisaient un système de refroidissement par circulation d'eau, complété par une plantation d'arbres pour créer une différence de température d'au moins 6 degrés Celsius entre l'intérieur et l'extérieur.

Paris a également ajouté une touche écologique à la nourriture fournie - les repas à base de plantes ont été augmentés de 50 % par rapport aux Jeux précédents, avec un accent mis sur les ingrédients locaux et saisonniers. Au-delà de cela, le Comité d'organisation a encouragé les athlètes à adhérer à la durabilité : les navettes ont été réduites de 37 %, et ils ont persuadé les délégations de Belgique, des Pays-Bas, d'Allemagne, de Suisse et du Royaume-Uni de se rendre à Paris en train, évitant ainsi les émissions habituelles des voyages en avion.

Mais malgré toutes ces grandes mesures, la réalité sur le terrain n'a pas été aussi bien satisfaisante.

 

**La Réalité Dure**

Deux jours seulement après le début des Jeux, le 27 juillet, six nageurs sud-coréens ont quitté le Village Olympique, invoquant les longs trajets vers le site de natation à La Défense Arena. Le même jour, la star américaine du tennis, Coco Gauff, a partagé une vidéo TikTok intitulée « 10 filles, 2 salles de bains », montrant les conditions exiguës de son dortoir, et a confirmé dans les commentaires que cinq de ses coéquipières américaines avaient déjà déménagé dans un hôtel.

Alors que certains athlètes ont opté pour la liberté de vivre à l'hôtel, d'autres ont décidé de modifier leurs quartiers dans le Village, avec l'amélioration la plus populaire étant les climatiseurs portables.

Pendant la première semaine des Jeux, Paris a connu une vague de chaleur extrême, avec des températures atteignant 35 degrés Celsius, rendant le Village Olympique insupportable pour beaucoup. L’Italien Thomas Ceccon, médaillé d’or du 100m dos, s'est plaint : « Il n’y a pas de climatisation dans le Village ; il fait trop chaud. »

Dans le Village, seuls les dortoirs convertis à partir de bâtiments de bureaux ont conservé leurs systèmes de climatisation centrale d'origine. Les dortoirs plus récents comptaient sur un système de refroidissement par circulation d'eau, qui utilisait de l'eau froide de la Seine pour refroidir les bâtiments. Le Comité d'organisation de Paris a promis que ce système maintiendrait les températures intérieures à un niveau confortable de 23 à 26 degrés Celsius. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a même garanti que ce serait « très confortable pour les athlètes ».

Cependant, le 2 juillet, Augustin Tran Van Chau, directeur adjoint du Village Olympique de Paris, a révélé aux médias français que 2 500 climatiseurs portables avaient déjà été stockés dans le Village, disponibles à la location pour les délégations en besoin. Cela a marqué l'effondrement du plan sans climatisation pour le Village.

Thomas Ceccon n'a finalement pas réussi à atteindre la finale du 200m dos. Il ne pensait pas que sa performance avait été affectée par la chaleur du Village, disant : « Tous les athlètes ont les mêmes conditions. » Mais en réalité, certains athlètes profitaient du « luxe » de la climatisation portable dans leurs chambres.

 

**Les Favorisés et les Démunis**

Certains pouvaient se permettre de quitter le Village, d’autres avaient accès à la climatisation portable qui restaient seulement à leur disposition, tout cela révèle une réalité dure : dans le Village Olympique de Paris 2024, la protection de l'environnement était un privilège - seuls les moins fortunés devaient endurer les difficultés imposées par les mesures écologiques.

Les délégations plus riches, après avoir appris qu'il n'y aurait pas de climatisation dans le Village, ont rapidement pris les choses en main, contournant les locations de climatiseurs du Comité d'organisation. L'Australie, par exemple, a dépensé plus de 100 000 dollars australiens pour des climatiseurs portables. Le directeur général australien Matt Carroll a déclaré l'année dernière : « Nous applaudissons les efforts du Comité d'organisation de Paris pour réduire les émissions. Mais c’est un événement sportif de haut niveau ; nous ne sommes pas ici pour un pique-nique. » Le président du Comité Olympique grec, Spyros Capralos, a déclaré en février que la Grèce « ne ménagerait aucun effort » pour fournir de la climatisation à ses athlètes. La directrice générale du Comité Olympique et Paralympique des États-Unis, Sarah Hirshland, a confirmé fin juin que chaque chambre des athlètes américains serait équipée de climatisation portable. « Après avoir consulté nos athlètes, nous sommes convaincus que la climatisation est cruciale pour leurs performances, » a-t-elle déclaré.

Selon USA Today, les États-Unis, l'Australie, le Canada, le Danemark et la Grèce ont tous choisi d'apporter des climatiseurs portables pour équiper certaines ou toutes les chambres de leurs athlètes. La décision a été discutée avec le Comité International Olympique, qui n'a soulevé aucune objection.

Tous les pays ne pouvaient pas se permettre de tels luxes. Un membre du Comité Olympique ougandais, Donald Rukare, a reconnu que  « nous n'avons pas de sou supplémentaire » en parlant du problème de la climatisation.

La disparité s'est également étendue à la nourriture. Le Times a rapporté que les athlètes britanniques faisaient face à des pénuries d'œufs et de poulet dans la cafétéria du Village, les options végétariennes étant incapables de fournir l'énergie nécessaire aux athlètes en compétition. En conséquence, un chef a été envoyé à Paris pour cuisiner pour les athlètes britanniques.

L'Australie est également allée au-delà. Inquiet du risque de transmission du COVID-19 dans les zones de restauration publiques, la délégation australienne n'a pas seulement apporté ses propres kits de test PCR, mais a également exigé que les athlètes prennent leur petit-déjeuner et leur déjeuner dans leurs dortoirs. L'équipe a apporté 10 000 barres énergétiques aux noix, 340 kilogrammes de riz, 3 200 kilogrammes de thon, ainsi que des flocons d'avoine, du café, des tourtes à la viande et d'autres provisions alimentaires.

**« Les dortoirs de la délégation américaine sont vraiment luxueux, »** a déclaré Xu Jingyi, bénévole des Jeux Olympiques de Paris et étudiante qui vit en France depuis un an et demi. Pendant son travail bénévole, elle était responsable de la coordination des besoins de la délégation éthiopienne dans le Village. **« Les athlètes éthiopiens m'ont demandé si je pouvais solliciter deux tables auprès du Comité d'organisation pour les utiliser comme tables de thérapie, mais les Américains avaient des équipements de thérapie complets - tout, ils sont vraiment riches. »**

Malgré les rappels fréquents des objectifs de durabilité des Jeux Olympiques, la puissance économique de pays ou régions différents a dicté les ressources que chaque délégation pouvait apporter, et donc leur capacité à contrer les limitations imposées par ces mesures.

La construction d'une puissance sportive est étroitement liée à la situation économique d'une nation. Les règles établies au nom de la durabilité - un objectif global partagé - ont fini par obliger les moins privilégiés à supporter plus de sacrifices, prenant de plus grands risques pour leur honneur et leurs rêves. Pour un événement sportif international majeur, cela semble à peine juste. 

L'Accord de Paris de 2015 a constamment mis en avant le concept de **« responsabilités communes mais différenciées »**, en exhortant les pays développés à assumer plus d'obligations environnementales tout en permettant aux pays en développement une plus grande marge de manœuvre.

Mais une décennie plus tard, les Jeux Olympiques de Paris - organisés dans le cadre de cet accord - n'ont pu que constater tristement l'inversion des rôles de ceux qui portent ces responsabilités différenciées.

 
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