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La France et l'Allemagne signent le traité d'Aix-la-Chapelle : pourra-t-il ouvrir un nouveau monde?


31 January 2019 | By Jiang Feng | SISU

  • 亚琛条约

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Les relations bilatérales entre la France et l’Allemagne sont peu communes dans le monde, qui ont connu, au cours du siècle dernier, tant de vicissitudes dramatiques, allant de l'hostilité à la réconciliation et à la coopération et maintenant sur la voie de l'intégration réciproque.

Quand, le 22 janvier, le chef d’Etat français et le chancelier allemand ont signé un nouveau traité d'amitié à Aix-la-Chapelle, ville au passé historique commun à la France et à l'Allemagne, les observateurs ont qualifié cet événement de moment historique. Ce traité annonce non seulement la volonté des deux pays signataires de renforcer leurs relations coopératives traditionnelles, mais aussi celle d’« aller résolument en avant », s’engageant aussi bien dans la coopération que dans l’intégration réciproque, en vue de promouvoir la construction d'un gouvernement « transnational » et l'intégration sociale, à l’encontre de la tendance nationaliste alimentée par l’esprit « American First » dans les relations internationales. Macron et Merkel espèrent qu’il pourra les aider à canaliser les efforts au sein de l’UE pour résister à l’offensive du nationalisme et du populisme contre le régime actuel et protéger les peuples européens contre les menaces extérieures et autres menaces à la sécurité. Le sens visé peut être juste et institutionnellement innovateur pour les relations entre deux pays, mais le chemin serait tortueux, parce qu’en plus de la volonté, il faut encore trouver la force de l’appliquer.

Nous pourrions y voir l’une des rares options et espérances qui restent à la France et à l’Allemagne. Sur le plan international, l'UE se sent déjà abandonnée par les États-Unis, qui jouent traditionnellement le rôle de chef de file dans l'alliance de sécurité, et s’estime en même temps confrontée à des pressions et défis extérieurs sans précédent, sa géosécurité étant menacée par la Russie, son statut économique et institutionnel étant mis en cause par la montée de la Chine, et sa société étant affectée par la crise des réfugiés. Une telle situation appelle de toute urgence les pays européens à s’unir et à réagir à l’unisson. Malheureusement, les progrès de l'intégration européenne ont été bloqués à plusieurs reprises, surtout par le Brexit qui continue de corroder la confiance des Européens, et une bonne partie des États membres de l'UE se trouvent plongés dans des crises politiques traditionnelles internes, à tel point qu’ils n’ont plus la force de s’occuper des affaires communes et que la difficulté d’unité et de coordination globales s’accroît. La France et l'Allemagne, en tant que fondateurs, dirigeants, promoteurs et bénéficiaires des politiques communes européennes, ne veulent naturellement pas voir échouer le processus d’intégration européenne. Pourtant, malgré leurs efforts persistants de redresser l'UE, les dirigeants des deux pays ont réalisé peu de progrès ces dernières années et voient même la situation empirée par plus de divergence et de division. C’est ce qui les a forcés à adopter à nouveau la stratégie d’« Europe de base », laquelle signifie que l’Allemagne et la France devraient s’unifier avant que l’Europe puisse le faire et exige que les deux pays créent un « espace commun » dans nombre de domaines, y compris la sécurité politique, la société économique et l'organisation institutionnelle, afin qu'ils assument les rôles d’acteurs principaux, fournissant un modèle et un exemple à suivre pour le relancement de l’intégration européenne. 

Il convient de noter que, concernant les initiatives et les rôles de leadership de la France et de l'Allemagne, les autres pays membres de l'UE manifestent à la fois des attentes et des inquiétudes. Après tout, aux yeux de nombreux pays, l’importance des deux « géants » risque de diminuer leur propre poids dans l’UE. En matière de la crise des réfugiés, par exemple, l’Allemagne a fortement poussé le partage des responsabilités entre tous les pays et provoqué ainsi une vive indignation de beaucoup d’entre eux. A l’égard de la France, l’inquiétude provient plutôt de l’expansion en Europe du mouvement des « Gilets jaunes », qui s’était initialement déclaré à Paris. Si la France n’était guère en mesure de s’en démêler elle-même, comment pourrait-t-elle en démêler les autres ? D’ailleurs, le renforcement des liens entre la France et l'Allemagne peut également être interprété comme une perte de confiance en Europe et une action réelle de cette option politique qu’est l’eurosceptisme. En effet, dans son discours en public à la cérémonie de signature du Traité d’Aix-la-Chapelle, Donald Tusk, président du Conseil européen, a littéralement mis en garde Macron et Merkel contre la foi dans l’intégration européenne.

Les dirigeants français et allemands doivent être conscients que l’édification politique menée par les élites est basée sur l’édification sociale, qui s’appuie à son tour sur la reconnaissance et la participation générale du public. En dehors du hall où le traité d’Aix-la-Chapelle a été solennellement signé manifestaient des masses de gens : certains portaient des gilets jaunes et agitaient des pancartes sur lesquelles on lit « Soyez juste » ou « Réduisez le loyer », se plaignant de ce qu’ils avaient vécu, d’autres portaient des slogans « Macron démission », exprimant leur colère contre les politiciens élitistes qui fermaient les yeux sur la réalité sociale. Les fondateurs de l'UE avaient déjà compris que l'Union devrait être un « projet politique », mais aussi une « Europe du public », puisque sans les efforts communs des citoyens, même la plus grande idée n’aurait aucune valeur. Le volontarisme unilatéral de la classe politique serait sans doute la cause principale des difficultés vécues par l’UE depuis ces dernières années, lequel met le train européen conduit par les élites sur des rails de plus en plus éloignés du public. Macron et Merkel se sont probablement rendu compte de ce point. Après la courte cérémonie de signature, ils sont allés devant le public et ont discuté longuement avec des citadins et des jeunes étudiants en répondant à leurs questions. Cela peut être considéré comme un pas vers la réalité, or ce dont le public se soucie n’est point la manière de répondre aux questions, mais la solution des problèmes.

Les temps ont beaucoup changé. La signature du traité à Aix-la-Chapelle, capitale de l’empire de Charlemagne, serait un rappel du « rêve de l'empire ». Et comme par hasard, les territoires de la France et de l’Allemagne actuelles recouvrent à peu près les terres de l’ancien empire, que Charlemagne a fondé en conquérant l’Europe de l’époque. De toute façon, cette époque de conquête militaire est révolue, du moins pour l’Europe et pour la France et l’Allemagne. Nous vivons aujourd’hui plutôt une époque de concurrence du soft power, comme l’a déclaré Macron : « L'Europe ne rêve pas d'un empire » et « L'Europe n'a pas besoin d'un dirigeant suprême », montrant clairement que l'intégration entre la France et l'Allemagne n'est pas un pas vers l'hégémonie européenne. Cependant, pour les Européens, les actions parlent plus que les mots. Il n’y aura donc que de véritables actions exemplaires de la France et de l’Allemagne qui puissent les en convaincre. Merkel a parlé en termes plus précis, appelant à une compréhension mutuelle continue obtenue aussi bien par les mots que par l'esprit et l'organisation. Le Traité d’Aix-la-Chapelle contient effectivement une série de dispositions concrètes établies dans ce sens, les unes pour approfondir la coopération et l’intégration institutionnelles entre les deux pays dans les domaines de la diplomatie et de la sécurité, les autres pour favoriser l’intégration des deux sociétés et peuples, telles que la reconnaissance mutuelle des diplômes du secondaire et la mise en place de doubles programmes universitaires. De tels efforts concertés dans la construction d'un système social peuvent indiquer la bonne voie à suivre pour l'avenir de la France et de l'Allemagne, ainsi que pour celui de l'Europe au sens large.

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